écrans, apprenons à vivre avec!

Écrans : apprenons à vivre avec

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Tiens, gravons les premiers signes de ce dossier spécial numérique par une petite autocritique. Au Ligueur, nous avons trop souvent une approche de la question des écrans un tantinet anxiogène. À juste titre, rétorquerez-vous. Ils happent nos chérubins et dérèglent leur sommeil. Ils font appel aux zones de plaisir et lénifient les aptitudes motrices des petits cerveaux. Ils robotisent notre monde, le tiédissent, le bleuissent. Mais, mais, mais…

Écrans : apprenons à vivre avec

Mais soyons réalistes : la thématique écran – et pas la « problématique » – ne sera jamais traitée dans son entièreté si elle n’est considérée que comme le grand Satan. Oui, elle éloigne. Oui, elle divise. Oui, elle agace. Oui, elle fait écran aux relations familiales comme on l’a écrit mille fois avec astuce dans tous les médias…

Seulement, elle n’est pas que ça. Trop souvent, le Ligueur est consulté pour rassurer les parents sur la relation toxique de nos jeunes bipèdes à leurs innombrables joujoux numériques. Alors, nous nous évertuons à rassurer. Nous nous faisons porte-voix des différent·e·s expert·e·s. Puis, un jour, la question qui laisse pantois : « Allez, ça a du bon quand même, les écrans ? ». Et là, impossible de répondre.

Le défi de notre humanité

Drôle de constat, donc. Nous nous retrouvons dans une société hyperconnectée. Pourtant, nous sommes inaptes à y voir le bon. Nous passons notre temps à tirer à boulets rouges sur ce qui est peut-être la plus grande révolution depuis l’écriture. Notre société change et nous regardons cette transformation avec défiance. Nous, êtres plombés de paradoxes. Qui n’a pas passé une soirée à déplorer la numérisation sonnante et trébuchante de notre petit monde, le GSM greffé à la paume ? Pour ne pas dire la pomme chère à Steve Jobs.

Seulement, nous n’avons pas le choix. Accidentellement ou non, l’espèce a muté. Son évolution a conduit à ce moment de l’histoire où nous devons avancer avec. En cultivant l’aspect organique des choses. En conservant notre chair et notre sang. En chérissant le vivant et en faisant en sorte que le réel soit toujours plébiscité par nos chérubins. Ensemble, nous devons relever le défi de notre humanité au sein de cette bourrasque technologique.

Le mythe de l’écran

C’est finalement assez enthousiasmant, non ? Et peut-être même qu’il y a du bon là-dedans. Ces outils réinterrogent nos rapports les un·e·s aux autres. Entre citoyen·ne·s. Entre ami·e·s. En famille. On le sait, ils se sont imposés à la maison où, chez certains, il donne lieu à des bras de fer quotidiens. La machine interroge aussi notre condition de parents. Elle nous renvoie à nous-mêmes. À notre façon d’éduquer. De la capitulation totale chez les un·e·s, jusqu’au combat au corps à corps chez les autres.

Dès lors, comment en tirer le meilleur ? Comment dompter la machine ? La transcender ? C’est à un rodéo analogique auquel nous vous invitons. En commençant par le pire pour en arriver au meilleur. Une forme d’allégorie de la caverne 2.0 – et même 3.0 – si l’on veut. La lumière qui symbolisera la liberté – la sortie de la grotte – ne sera pas composée de diodes électroluminescentes, mais bien de solutions éducatives sur mesure, propres à chaque tribu. Il est peut-être là le plus gros enjeu de l’écran : y trouver ensemble le juste équilibre.

Yves-Marie Vilain-Lepage